Manioc : le cœur des cultures et la naissance du « cassave »
Dans presque chaque village, le manioc tient une place centrale. Plus qu’une simple racine : c’est une base, un pilier, une matière première aux multiples applications. Les Amérindiens en extraient, à force de patience :
- la farine, obtenue par râpage, pressage, puis séchage au feu de bois ;
- le « couac » (granulé croquant, ancêtre du couscous tropical),
- le « cassave » : galette de manioc sec, fine et craquante, typiquement cuit sur une plaque (que l’on appelle « plancha » ou « kannari » chez certains anciens).
Aujourd’hui encore, dans toute la Caraïbe insulaire, la cassave est vendue en rouleau, parfois nature, souvent fourrée à la noix de coco, à la confiture de banane, ou plus rarement, à l’igname violette (dans le sud de la Martinique, par exemple). Ce geste, râper le manioc, puis en repousser la pulpe avec énergie, a traversé les siècles. Il n’a, dans le fond, pas changé de texture ni d’odeur brûlante, à la sortie du four.
Le manioc a aussi assuré la survie des communautés pendant des siècles, grâce à la résistance de sa culture à la sécheresse et sa capacité à nourrir, sans soins particuliers, d’importants groupes familiaux. À l’arrivée des colons, il deviendra aussi un rempart contre la faim dans toutes les classes populaires (voir : Musée Edgar Clerc, Le Moule).